Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a nommé deux nouveaux conseillers pour la lutte contre le terrorisme et la sécurité nationale.

Le chef de l’Etat n’avait pas nommé de conseillers depuis son élection à la prési­dence de la République en juin dernier. La désignation des deux conseillers inter­vient à un moment où l’Egypte connaît une escalade de la violence et une multipli­cation des attaques terro­ristes. Fin octobre, un attentat sanglant a eu lieu à un point de contrôle militaire à la ville de Cheikh Zowayed, dans la province du Nord-Sinaï, fai­sant 30 morts et 10 blessés parmi les militaires. Les auto­rités avaient alors décrété le couvre-feu et annoncé l’état d’urgence pendant 3 mois dans certaines parties du Nord-Sinaï.

Quelques jours plus tard, un autre attentat ciblant cette fois-ci un véhicule militaire blindé a fait 7 blessés graves parmi les soldats de l’armée. Les autorités ont décidé de créer une zone tampon sur une bande frontalière longue de 13 km et large de 500 m à Rafah, à la frontière avec la bande de Gaza. Les habitants de cette région ont dû être évacués. La montée du terro­risme contre le personnel et les locaux des forces de sécu­rité et de l’armée avait com­mencé après l’éviction de l’ancien président islamiste Mohamad Morsi en juillet 2013. Ansar Beit Al-Maqdes, un groupe s’inspirant d’Al-Qaëda, et Ajnad Misr, un autre groupe extrémiste, tous deux basés au Sinaï, ont revendiqué la plupart des attaques.

C’est donc dans ce contexte tendu qu’intervient la nomi­nation des deux conseillers. Celle-ci a été interprétée par certains comme un désaveu à l’égard de l’actuel ministre de l’Intérieur, Mohamad Ibrahim. La récente période a vu en effet une multiplication des attentats au Caire et dans la région du Delta. Ahmad Gamaleddine, nommé conseiller pour la lutte contre le terrorisme, était ministre de l’Intérieur sous Morsi et pos­sède une bonne expérience sécuritaire. Sa nomination est vue par certains comme un prélude au départ de l’actuel ministre. Les responsables au ministère de l’Intérieur ne trouvent pas que la présence d’un conseiller à la sécurité nationale à la présidence de la République pose un pro­blème.

La nomination de Fayza Aboul-Naga, comme conseillère à la Sécurité nationale, fait elle aussi l’ob­jet de spéculations. Certains affirment qu’elle est là pour gérer le dossier des ONG. Ministre de la Coopération internationale sous Hosni Moubarak de 2001 à 2011, Aboul-Naga a gardé son poste dans les gouvernements intérimaires qui ont suivi la révolution du 25 janvier jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Mohamad Morsi en juin 2012. Elle possède une vaste expérience dans le domaine de la coopération internatio­nale et connaît le dossier du financement étranger des ONG. Sa nomination inter­vient au moment où la tension est vive entre l’Etat et les ONG.